Date de parution
06 octobre 2011
ISBN
9782918135364
Prix
22,00 €
Nombre de pages
240
Format
210mm x 135mm
Formats inclus gratuitement :
  • Ebook - format EPUB
  • Ebook - format HTML
  • Ebook - format PDF
  • Ebook - format PDF EReader
Où acheter ce livre :

Livre numérique
Acheter
Date de parution
20 février 2013
ISBN
9782369450115
Prix
5,20 €
Formats inclus gratuitement :
  • Ebook - format HTML
  • Ebook - format PDF

La décadence et autres délices


Quelques mots sur le livre

"Le charme de Véronique Beucler réside, entre autres, dans sa manière de raconter les histoires. Ses arguments, souvent sérieux, s’accompagnent généralement d’un humour en demi-teinte. Son univers est celui des perpétuels malentendus, des quiproquos, des coïncidences fâcheuses. Les drames rocambolesques ou les histoires d’amour tarabiscotées à souhait nous sont contées dans un monde de vaudeville et de farces et attrapes. Si je devais la comparer à un autre auteur, je crois que c’est à Marcel Aymé que je songerais. Mais un Marcel Aymé plus fin, plus subtil encore, plus tendre, plus amoureux. Ce que je sais à coup sûr, c’est qu’elle est pour moi à n’en pas douter l’un des auteurs les plus délicieux et les plus originaux de la littérature française contemporaine."

Alberto Manguel

Quatrième de couverture

Que signifient ces mutations inavouables ? À partir de combien de cas parle-t-on d’épidémie nationale ? Comment réagir devant ce qui vous fleurit sur le nez, le ventre… ou ailleurs ? Le mieux est peut-être de se faire opérer, comme tout le monde, ni vu ni connu.

Mais quand le doigt est pris – ou le pied ou la langue –, la bête est installée. Qui la délogerait ? Lascive et toute puissante, elle se pourlèche, frétille et mène la danse, au cœur de cette cité florissante.

Délices de la décadence, de la dégringolade festive et insouciante !

Interview auteur : 5 questions à Véronique Beucler

Les habitants d’une ville européenne découvrent avec horreur qu’un morceau de leur corps a été remplacé par un organe qui ressemble… à celui d’un porc. Les médecins hésitent à parler d’épidémie… Quel est votre point de vue sur ce phénomène, s’agit-il d’une épidémie… ?

J’avoue un faible pour les épidémies… « littéraires ». Exclusivement. Celle d’insomnie de Cent ans de solitude, par exemple, ou de cécité dans L’Aveuglement de Saramago ou encore de lucidité du même auteur ; je pense aussi à la Rhinocérite de Ionesco… Oui, il s’agit d’une épidémie littéraire… qui nous conduit à nous interroger – avec des moyens romanesques – sur le monde dans lequel nous vivons. J’utilise des outils d’écrivain, des images, l’allégorie, le recours à l’« énormité » [George Steiner précise qu’é-norme, signifie d’abord « écart par rapport à la norme, au normal »]… et une structure, pleine de ressources : la métamorphose.

Cette métamorphose fonctionne à la perfection, on y croit, on voit la ville peuplée d’hommes grassouillets et bécoteurs, de femmes affriolantes ; on sent les odeurs de maïs dans les rues… L’idée de ce roman paraît tellement surprenante, je dirais même : culottée qu’on a très envie de vous demander d’où elle vous est venue.

Question à laquelle je serais bien incapable de répondre… et pourtant en réfléchissant à cette question, je me souviens d’une anecdote que je croyais avoir oubliée. Quand je vivais à Madagascar, j’ai vu débouler devant le « Supermarket » où je faisais mes courses, un pousse-pousse. Le tireur de pousse, petit Malgache pieds nus, descendait à toute vitesse une rue en pente qui longeait le supermarché. Sur le siège, protégé du soleil par la capote rouge, un magnifique cochon se prélassait ; assis – non pas couché –, on aurait dit qu’il avait pris à son service ce petit homme mal nourri pour sa promenade apéritive. Plus proche de nous dans le temps… je me rappelle parfaitement l’instant où j’ai ouvert un dossier et où j’ai commencé à écrire cette histoire. J’étais agacée d’entendre les messages publicitaires incitant à se faire vacciner contre la grippe H1N1, que certains appelaient « grippe porcine ». De l’agacement et de l’inscription ancienne de ce pacha cochon, est née cette histoire.

Vous avez choisi le cochon pour cette métamorphose, cet animal a-t-il une signification particulière ?

Il est sûr que si j’avais choisi une girafe ou un écureuil, le roman n’aurait pas été le même. Je dois dire que mon histoire ne tient que par cet animal. Le cochon suscite des images très fortes, c’est un composé – à lui tout seul – de voracité, de saleté, de lubricité, de souillure, de décadence… Pauvre de lui ! Dans L’Odyssée, c’est lui que Circé choisit pour transformer les compagnons d’Ulysse. Le passage précise qu’ils étaient devenus des cochons mais continuaient de penser et de sentir comme des hommes. J’ai bien peur que dans La Décadence et autres délices, ce soit l’inverse…. Ils conservent une apparence humaine, mais leur être profond est irrémédiablement dégradé.

Ne trouvez-vous pas que votre roman semble donner raison à ceux qui choisissent les cochons contre ceux qui veulent rester des hommes, comme Jeff, le meilleur ami de Vladimir ?

Peut-être est-ce une force du livre de ne pas chercher à imposer une leçon, ni une morale. Ni Ana ni Vladimir ne condamnent ce qui se passe dans la partie de la ville « porcinisée ». Je suis d’accord avec vous, on peut penser que Vladi « s’est fait avoir » comme le craignait son ami Jeff, farouche résistant, ennemi juré des porcs. On peut penser aussi que Vladimir est comme « immunisé » insensible à cette contagion…

Votre roman est souvent très drôle ; cette tonalité n’est-elle pas en contradiction avec les événements tragiques que vivent les personnages ?

Rien ne me rend plus joyeuse que d’inventer une histoire ; les personnages sont sans doute imprégnés de cette jubilation. La mère d’Achille, Thétis, plonge son fils dans le Styx pour le rendre invulnérable. Je crois que je plonge mes personnages dans une eau qui les rend imperméables à la morosité. Les événements ont beau se déchaîner autour d’eux et contre eux, cette sorte de baptême originel ne s’efface pas. Mais vous constatez vous-même que cela n’empêche absolument pas de percevoir une certaine tonalité pessimiste…

Critique : Coup de cœur d'Hervé Hamon !

Le livre de Véronique Beucler est exceptionnel. D’abord par l’écriture. C’est impeccablement soigné, briqué, poli, sans que cela se voie, se voie trop, sans l’étalage rhétorique qui est aujourd’hui la règle. Elle a le cran de l’élégance discrète, c’est-à-dire de l’élégance tout court. Et puis son livre est un livre drôle. Mordant, féroce, énorme, mais drôle. En ces temps où le sujet dominant du roman est la vertigineuse descente au fond de mon nombril, voilà une originalité singulière, presque dérangeante, diablement courageuse. Et surtout, elle ose, elle va jusqu’au bout, elle impose sa fable avec un aplomb, un culot d’enfer. Pas moyen de s’évader, cette affaire de cochonnerie – tout en légèreté, au demeurant, et c’est un tour de force – nous tient la tête du début à la fin. Moi, j’admire cette énergie de la romancière qui ne raconte pas son dernier divorce, ni les humeurs de son Papa, ni les émois de ses premières règles : elle invente un monde et nous y fait entrer, comme les écrivains des Antilles ou d’Amérique latine. Quand le blabla parisien se perdra dans les sables, on la relira et on se dira qu’à l’automne 2011, il s’est passé quelque chose. Même qu’on a ri, avec mauvaise conscience. Chapeau !

Critique : Marie La libraire nous en parle...

Dans le roman de Véronique Beucler, La décadence et autres délices, toute une partie de la population d’une ville est touchée par d’étranges mutations physiques, simplement esquissées par l’auteur, au début du roman, pour laisser son lecteur évoluer en même temps que ses personnages, afin qu’il ne découvre pas de façon trop abrupte l’horreur de ces transformations. La grippe porcine en est le facteur déclencheur. Mais le lecteur découvre une tout autre épidémie, insidieuse, fourbe, inconnue et quasi indescriptible dès la troisième page. A la manière de didascalies, clin d’œil au talent de dramaturge de l’auteur, deux jeunes femmes font la découverte de mutations étranges sur leur corps.

L’indicible entre ici en scène ainsi que Vladimir, le personnage central du roman et Jeff, son ami d’enfance dermatologue. Celui-ci lui fait part de son inquiétude car depuis peu il reçoit dans son cabinet des patients atteints par ces fameuses mutations. Vladimir rencontrera Ana une patiente de Jeff avec laquelle il ressentira le besoin de partir, en deuxième partie de roman, tant le monde dit « normal » leur échappera.

Des thèmes comme l’altruisme, l’amitié et la tolérance, jalonnent le texte et font avancer les personnages. Vladi découvre cependant avec horreur, la folie de l’Homme, c’est une histoire dans l’histoire: le gouvernement va proposer des jeux romains antiques, des combats hommes-animaux, des hommes contre des fauves, pour obtenir un visa de séjour en France. L’horreur continue : cette proposition attirera l’un de ses amis sans-papier qu’il tentera d’aider grâce à un ami commun.

Déçu et un peu perdu, il s’exilera avec Ana, pendant quatre ans, pour revenir dans une ville qu’il ne reconnaît plus, scindée en deux mondes : celui de la décadence et de ses délices, celui des mutations physiques assumées et de ces cochons auxquels on ne touchera plus, et surtout pas dans son assiette ! Et celui de la soi-disant norme, le monde de Jeff et de sa peur de l’autre, le monde qui n’accepte aucune différence, le monde de l’intolérance.

Véronique Beucler offre ici une écriture pleine de subtilités et d’humour, à travers ces scènes de plaisir. L’animal même qu’est le cochon évoque la décadence, la lubricité, il n’y a plus d’inhibitions, chaque lecteur se retrouve face à ses propres interdits moraux qui explosent complètement ici. De cette façon, comment ne pas sourire lorsque dans cette parfumerie, des essences aux noms de « truffes », « petit groin » ou encore « fumure » sont présentées à Vladi et Ana ! J’ai aussi aimé l’inventivité de Véronique Beucler et sa « chorale nouveau genre : c’est ni plus ni moins des grognements ! »

La décadence et autres délices est une ode engagée aux rêveurs, aux poètes, aux anti-cartésiens, « une société a besoin de rêveurs » comme le dit Kapzyk, l’un des personnages qui gravite autour de Vladi pour l’aider dans ses choix.

C’est aussi une lecture très agréable que l’on découvre sous la plume de Véronique Beucler. L’intelligence de ce style littéraire nous propose par exemple, une sorte de sommaire à la lecture de la première page du roman. Véronique Beucler, par petites touches ou simples mots, va nous guider dans son roman: « grognait » fait référence au cochon, l’animal de la métamorphose, le mot « rêve » indique l’essence même de cette « décadence », tout comme cette comparaison qui laisse présager des « délices » et autres métamorphoses à venir : « son corps, entendez toute sa personne[…] avait été remplacée par une trompe ». Autre exemple d’inventivité, nous entrons dans ce roman en sortant du rêve du personnage principal, Vladimir. Astucieuse idée de la part de l’auteur, qui par cette entrée en matière, nous fait découvrir son plaisir de l’écriture qui jalonnera tout le roman, jusqu’à la dernière page.

Enfin, cette histoire surprend, tant par le thème que par l’écriture, c’est en tout cas ce que j’attends d’un livre. Je n’ai pas une fois été essoufflée dans ma lecture, c’était au contraire très fluide et très agréable.

Bonne lecture!

Critique : Cécile, bibliothécaire à Morlaix, nous parle de "La décadence..."

« Ce jeudi-là, Vladimir Fradel se réveilla d'un sommeil agité.» Banale entrée ? Peut-être... Mais on était jeudi, j'avais passé une mauvaise nuit, et j'ai tout de suite été embarquée par Vladi, happée par cette histoire farfelue et décalée. C'était exactement ce que j'avais envie de lire à ce moment-là... Quand le roman s'ouvre, c'est l'état d'urgence sur tout le territoire : enflures, déformations, lésions en tous genres font leur apparition. On parle vaccination, transmission, port de masque, enfin, on en parle, oui, mais surtout pas de manière publique... Attention : secret d'état, il ne faut surtout pas affoler la population... Tiens donc, tout ça ne nous rappellerait pas un peu un automne pas si lointain?... Comme Vladi, on a vite envie d'en savoir plus sur cette drôle d'épidémie, alors, comme si on était plongé dans une enquête, on avance et on tourne les pages avec grand plaisir. D'autant plus que les personnages sont vraiment attachants. Il y a les grands-parents de Vladimir, qui, comme quand il était enfant, continuent à lui offrir tendresse et affection : avoir un papi qui cite Camus, un papi prêt à manifester, à créer un collectif, c'est plutôt pas mal, non ? Il y a aussi la belle et mystérieuse Ana, qui ne quitte jamais sa petite chaussette blanche, le voisin chimiste à la retraite qui ne demande qu'à reprendre du service, Jeff, l'ami médecin, coincé entre dire et taire, et aussi Traoré et Sénad, les deux clandestins au destin incertain... Tout ça avec en fond les refrains de Leonard Cohen ! La deuxième partie est une vraie surprise. Après s'être éloigné quelques années, Vladimir retrouve une France un peu… différente, où plaisirs charnels et autres délices ont désormais pris place. Jouissance, libertinage, voluptés ont pris le pouvoir (tiens donc encore...) et c'est vraiment cocasse. Si je mets un petit bémol pour la dernière partie du roman (l'abus de cochonaille - je vous laisse découvrir pourquoi... - m'a laissé comme une petite indigestion), l'impression générale est quand même très positive. Il y a plein de choses à piocher dans ce drôle de roman : c'est énergique, efficace, sensuel, différent de tout ce qu'on a l'habitude de lire, bref, ça fait du bien !